Brésil : un avenir incertain
Une femme a de nouveau été élue à la tête de l’Etat brésilien : Dilma Roussef entame un second et dernier mandat après avoir battu Aecio Neves, du plus faible écart de vote depuis l’instauration du suffrage universel à la Présidentielle en 1989.
Ce second mandat s’effectuera donc dans un climat difficile et hostile pour Dilma Roussef, qui aura affaire à une opposition omniprésente représentant quasiment la moitié du pays.
Quoiqu’il en soit la gauche brésilienne vivra ses 16 années au pouvoir en 2018, partagées entre les deux mandats consécutifs de Lula, figure emblématique, et sa protégée Dilma Roussef.
Après les derniers mois tumultueux et le scandale de l’accueil et l’organisation de la coupe du monde, beaucoup de Brésiliens aspiraient à un changement.
La population brésilienne, de par sa croissance effrénée ses dernières décennies, a connu un phénomène d’enrichissement des classes populaires et donc une augmentation très forte des classes moyennes. Ces nouvelles classes moyennes avaient pour espoir de continuer leur ascension sociale en votant pour Neves qui semblait symboliser l’enthousiasme pour un développement prospère.
Les nouvelles classes moyennes ne bénéficieront donc plus (ou moins) des politiques que l’Etat providence brésilien a instauré pour améliorer leur condition de vie.
Ceux qui ont bénéficié de ce système en ont eu pour leur argent et auraient aimé continuer sur cette lancée. Pour cela ils n’ont pas hésité à délaisser les politiques qui leur ont permis d’améliorer leur mode de vie ; pour voter pour une candidate centre-droite qui leur laissaient entrevoir un nouveau nivellement social vers le haut.
On voit que le Brésil fait face à une société polarisée, une société où l’enrichissement d’une partie de la population a eu pour effet de diviser encore davantage le peuple brésilien avec des regroupements de classes moyennes d’un côté et de classes populaires de l’autre, avec un fossé qui s’est creusé.
La gauche brésilienne a donc permis un enrichissement (relatif) de beaucoup de Brésiliens mais cela a également eu pour effet d’exacerber cette polarisation. Les manifestations contre la coupe du monde 2014 en sont d’ailleurs une des composantes.
On ne peut pas évoquer un vote sanction envers la politique de l’Etat, puisque les classes populaires ont sollicité Dilma Roussef et la majeure partie des classes moyennes qui n’ont pas voté pour elle se sont enrichies grâce à cette politique étatiste.
Ce « paradoxe » brésilien prouve tout de même que le Brésil est loin d’être l’Etat puissant qu’il était censé devenir il y a quelques années. Un Etat avec trop de clivages pour en faire une puissance forte unie.
Entre lutte contre la corruption, fléau toujours bien présent ; relance de l’économie, seulement 0,5% de croissance du PIB cette année et réforme de la constitution annoncée suite à son élection, Dilma Roussef aura fort à faire pour réussir à inscrire son pays en tant que puissance indiscutable que cela soit à l’échelle mondiale ou à celle du continent sud-américain.